The Beatles

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Album Abbey Road(1969)

Abbey Road (1969)
sorti le 26 septembre 1969, Apple (Parlophone) PCS 7088 (stereo)
produit par George Martin

Les titres de l'album Abbey Road:

Come Together
enregistré les 21, 22, 23, 25, 29 et 30 juillet 1969
John Lennon: chant, guitare rythmique Martin D-28, guitare solo Sunburst Epiphone Casino, claquements de mains Paul McCartney: basse, harmonies vocales, piano électrique / George Harrison: guitare Les Paul Gibson Ringo Starr: batterie, maracas
sorti en single (Something / Come Together) le 31 octobre 1969

L'ironie aura voulu que le premier morceau du dernier album sorti par les Beatles s'appelle "Come together" ("réunissez-vous"); il était plutôt à l'ordre du jour de se séparer. Cependant, il s'agissait au départ d'une chanson composée dans le but de consister une sorte de slogan de luxe pour la campagne électorale pour le poste de gouverneur de Californie que menait en 1969 Timothy Leary, l'apologue médiatique du LSD, contre le futur président des Etats-Unis réactionnaire Ronald Reagan. Des démélés avec les autorités pour possession de marijuana mirent fin à la campagne de Leary et firent avorter le projet; cependant le slogan "come together" fut la base de cette chanson. John y décline sa passion pour le patrimoine de la musique populaire américaine, et plus précisement le blues du delta du Mississippi. Chuck Berry le poursuivra pour un plagiat imaginaire de son "You Can't Catch Me" avec le seul succès de contraindre Lennon à reprendre deux de ses compositions (il jouera en effet ce même "You Can't Catch Me" et "Sweet Little Sixteen" sur son album de reprises "Rock'n Roll").
Something
enregistré au studio 1 les 16 avril, 2 et 5 mai, 11 et 16 juillet et 15 août 1969
George Harrison: chant, guitare Fender Telecaster Rosewood, claquements de mains / John Lennon: guitare rythmique / Paul McCartney: basse, harmonies vocales, claquements de mains / Ringo Starr: batterie, claquements de mains (orgue: Billy Preston / violons, altos, violoncelles, contrebasse: musiciens de studio)
sorti en single (Something / Come Together) le 31 octobre 1969

Directement inspirée et allusive à "Something In The Way She Moves" de James Taylor (1968), ce morceau est la première composition de George Harrison à sortir en face A de 45 tours; écrite durant les sessions du "Double Blanc", elle ne put figurer sur l'album auprès de son miroir "While My Guitar Gently Weeps", n'étant pas achevée à temps. A ce jour, "Something" est le titre des Beatles le plus repris après "Yesterday"("Help!", 1965). "Here Comes The Sun" et "Something" sont les deux seules chansons d'"Abbey Road" composées par George, mais quelles chansons!
Maxwell's Silver Hammer
enregistré les 9, 10, 11 juillet et le 6 août 1969
Paul McCartney: chant, basse, harmonies vocales, guitares, synthétiseur Moog, piano George Harrison: guitare solo, harmonies vocales / Ringo Starr: batterie, enclume, harmonies vocales George martin: orgue Hammond

Avec ses vingf-sept prises, "Maxwell's Silver Hammer" fut le plus long et le plus coûteux des titres de l'album à enregistrer. Ecrit lors de la période du "Double Blanc" (1968), le morceau met en scène un jeune étudiant en médecine qui tue son entourage à l'aide d'un marteau d'argent... Paul y fait de nombreuses référence à la 'pataphysique crée par Alfred Jarry (1873-1907), l'auteur du fameux "Ubu Roi" (1893).
Oh! Darling
enregistré les 20 et 26 avril, les 17, 18, 22 et 23 juillet, 8 et 11 août 1969
Paul McCartney: chant, harmonies vocales, basse, guitare / John Lennon: piano, harmonies vocales / George Harrison: guitare, synthétiseur Moog, harmonies vocales / Ringo Starr: batterie, tambourin

Véritable déclaration d'amour à Linda, "Oh! Darling" est, du moins dans la structure de ses accords, un titre qui renvoie à la tradition des chansons d'amour du début des années 60, telles que "Unchained Melody" des Righteous Brothers, avec en plus une énergie très rock'n roll; il faut dire que Paul fit de nombreuses prises pour la voix, voulant que cela sonne comme s'il "chantait sur scène depuis une semaine". Pour arriver à ce résultat, il se déchirait la voix en hurlant dans les couloirs des studios d'Abbey Road avant d'enregistrer. Il en découle une très grande émotion et un très grand morceau un peu sous-estimé. John pensa toujours pouvoir faire mieux dans ce registre.
Octoppus's Garden
enregistré les 26 et 29 avril, 17 et 18 juillet 1969
Ringo Starr: chant, batterie / John Lennon: guitare rythmique / George Harrison: guitare solo synthétiseur Moog, harmonies vocales / Paul McCartney: basse, harmonies vocales, piano

Après "Yellow Submarine" ("Revolver" 1966 et "Yellow Submarine" 1968), Ringo chante une nouvelle chanson marine; mais cette fois-ci, il en est l'auteur. c'est sa deuxième composition pour les Beatles, après "Don't Pass Me By" sur le "Double Blanc" (1968). Ce morceau, sorte de chanson pour enfants en forme de conte, fut composé en 1968 sur le yacht de l'exceptionnel acteur Peter Sellers ["The Party" [1968 / Blake Edwards], "Lolita" [1962 / Stanley Kubrick] ou "Dr Strangelove" [1968 / Stanley Kubrick])] en Sardaigne.
I Want You (She's So Heavy)
enregistré les 22 février, 18 et 20 avril, 8, 11 et 20 août 1969
John Lennon: chant, guitare, harmonies vocales, synthétiseur Moog, orgue George Harrison: guitare, harmonies vocales / Paul McCartney: basse, harmonies vocales Ringo Starr: batterie, congas (orgue: Billy Preston)

Cette composition de John s'adresse évidement à Yoko Ono, "she's so heavy" étant une allusion à ses compétences sexuelles. Le morceau est basé sur un riff hypnotique, construit autour d'une gamme pentatonique classique, et sur un arpège obsédant. Les deux phases du morceau, et le contraste qu'elles génèrent, semblent se répéter sans fin. Le minimalisme des paroles - qui se résument au seul titre - fait penser à la formidable phrase de John Coltrane: "je voudrais composer un album où il n'y ait absolument aucune note"; John Lennon avait déjà écrit un poème à l'intention de Yoko qui se limitait au seul mot "water"("eau")... La fin du morceau est également une curiosité: en pleine montée d'arpège durant la longue partie instrumentale répétitive, la chanson s'arrête subitement, créant un effet de surprise. "I Want You" est encore un grand moment d'"Abbey Road". La session du 20 août 1969 sera la dernière qui réunira les Beatles ensemble.
Here Comes The Sun
enregistré les 7, 8, et 16 juillet, 6, 11, 15 et 19 août 1969
George Harrison: guitare acoustique Gibson J-200, chant, harmonies vocales harmonium, synthétiseur Moog, claquements de mains Paul McCartney: basse, harmonies vocales, claquements de mains John Lennon: harmonies vocales, claquements de mains / Ringo Starr: batterie, claquements de mains ( altos, contrebasses, piccolos, flûtes, flûtes altos, clarinettes: musiciens de studio)

Harrassé par les déboires liés à Apple, George, un des premiers matins du printemps 1969, se rendit chez son ami Eric Clapton. L'ambiance bucolique et les premiers rais de soleil lui inspirèrent les bouffées de bonheur tellement perceptibles dans le morceau; il composa "Here Comes The Sun" sur un guitare folk de Clapton, dans son jardin à Ewhrust dans le Surrey. George, bien que peu présent par ses compositions sur les albums des Beatles, s'affirme être un très grand mélodiste après les sublimes "While My Guitar Gently Weeps" (où Clapton est également impliqué par le biais de ses talents de soliste), sur le Double Blanc, "Something", sur ce même "Abbey Road" ou encore "I, Me, Mine", sur "Let It Be".
Because
enregistré les 1er, 4 et 5 août 1969
John Lennon: chant, guitare, harmonies vocales / George Harrison: chant, synthétiseur Moog, harmonies vocales Paul McCartney: basse, chant, harmonies vocales / George Martin: clavecin électrique Baldwin

La légende, alimentée par John Lennon lui-même, veut que l'inspiration lui soit venue tandis que Yoko Ono jouait la "Sonate Au Clair De Lune" de Beethoven; le beatle lui aurait alors demandé de jouer les notes à l'envers. Ainsi était né "Because". John, à une époque où le rock était encore considéré comme une musique issue d'une culture inférieure, osait ainsi mettre à jour ses affinités avec la musique classique. Il ne savait pas qu'il venait d'engendrer une oeuvre d'art intemporelle. Les parties de clavecin électrique jouées par George Martin et les harmonies vocales d'une qualité rarement égalée donnent à ce morceau une amplitude cosmique totalement en harmonie avec le reste de l'album, peut-être le plus grand de l'histoire de la musique du XXème siècle.
You Never Give Me Your Money
enregistré les 6 mai, 1er, 15, 30, 31 juillet et 5 août 1969
Paul McCartney: chant, piano, harmonies vocales, basse, guitare, clochettes John Lennon: guitare, harmonies vocales / George Harrison: guitare, harmonies vocales Ringo Starr: batterie, tambourin

Après "Here Comes The Sun", "Carry That Weight", les problèmes financiers d'Apple sont encore à l'origine de cette chanson. C'est du pur McCartney, avec une mélodie pure et une structure en trois mouvements distincts. C'est le début du formidable medley qui clôture l'album.
Sun King / Mean Mr Mustard
enregistré les 24, 25 et 29 juillet 1969
John Lennon: chant, guitare solo, maracas / Paul McCartney: basse, harmonies vocales, harmonium, piano George Harrison: guitare solo / Ringo Starr: batterie, tambourin, bongos

Le medley final est en route, commencant par une superbe partie guitare apaisante jouée par Lennon. Selon les versions, le roi du soleil en question sur "Sun King" ne serait autre que Louis XIV, roi de France de 1643 à 1715, le Roi Soleil, dont John avait lu une biographie; la chanson lui serait venue en rêve après, justement, la lecture de cet ouvrage. Une autre explication consiste à incarner "Sun King" en Allan Klein, nommé par John - contre l'avis de Paul - à la tête d'Apple. Décidement, la faillite de la société des Beatles est une bonne source d'inspiration ("Here Comes The Sun", "You Never Give Me Your Money", etc...). Le morceau, outre l'ambiance très méditerranéenne, prend un tour exotique lorsque John inclut des mots hétéroclytes à consonnances hispano-italiano-portuguaises ("paparazzi, obrigado, parasol, mi amore"). Attenant au morceau par le biais d'un enchainement harmonieux, "Mean Mr Mustard" entame la phase tonique du medley. Le morceau fut composé en Inde en 1968.
Polythene Pam / She Came In Through The Bathroom Window
enregistré les 25, 28 et 30 juillet 1969
John Lennon: chant, guitare 12 cordes, harmonies vocales Paul McCartney: chant, basse, harmonies vocales, guitare solo, piano électrique, piano George Harrison: guitare solo, harmonies vocales / Ringo Starr: batterie, maracas, cloche

Ces deux morceaux typiques des Beatles période "Rubber Soul", complètement fusionnés en un, sont l'un de John ("Polythene Pam") et l'autre de Paul ("She Came In Through The Bathroom Window"). Le premier évoque une jeune prostituée de Liverpool; il semble s'agir en fait de Polythene Pat, une fan de l'époque de la Cavern ainsi surnommée en raison de sa propension à ingurgiter du polyéthylène. John affirmera pourtant plus tard qu'il s'agissait d'une jeune fille rencontrée à Jersey en 1963. Cependant, il est fort probable de voir dans la référence au polyéthylène une allusion aux substances chimiques illicites dont John s'était fait le spécialiste. "She Came In Through The Bathroom Window", le second mouvement du morceau fut composé par Paul à New York; il est question de l'hystérie des fans du groupe, et en particulier de dénommées Diane Ashley et Margo Bird qui s'étaient introduites chez McCartney en entrant par la fenêtre.
Golden Slumbers / Carry That Weight
enregistré les 2, 3, 4, 30, 31 juillet et le 15 août 1969
Paul McCartney: chant, choeur, piano, guitare / George Harrison: basse, choeur, guitare solo John Lennon: choeur / Ringo Starr: batterie, choeur (violons, altos, violoncelles, contrebasse, cors, trombonne, trombonne basse, trompette: musiciens de studio)

C'est d'une contine du début du XVIème siècle d'un certain Thomas Dekker intitulée "The Pleasant Comedy Of Patient Grissil"que Paul s'est inspiré pour écrire le texte de "Golden Slumbers". La griffe de McCartney est omniprésente sur ce morceau dont la mélodie impeccable en fait un de ces plus grands morceaux, s'il en est de meilleurs que d'autres. Une fois de plus, les déboires d'Apple sont au centre de "Carry That Weight" où Paul évoque ses responsabilités inéluctables à venir. Il en résulte un hymne parent de "Hey Jude". Fait rare, c'est George qui tient la basse sur ces deux chansons en une.
The End
enregistré les 23 juillet, 5, 7, 8, 15 et 18 août 1969
Paul McCartney: chant, piano, guitare solo, harmonies vocales, basse John Lennon: guitare solo, harmonies vocales George Harrison: guitare solo, guitare rythmique, harmonies vocales / Ringo Starr: batterie (violons, altos, violoncelles, une contrebasse, cors, trompettes, trombonne, trombonne basse: musiciens de studio)

"And in the end, the love you take is equal to the love you make". C'est par cette phrase "cosmique", comme la qualifiera John, pourtant avare en compliment envers Paul, que s'acheve la carrière des Beatles (si l'on considère que "Her Majesty" est un ajout hors de l'album). Entre le premier vers du premier album - "love, love me do" ("Love Me Do" sur "Please Please Me") - et celui-ci, que de chemin parcouru; il est toujours question d'amour, mais le propos est bien plus profond. "The End" est également illustré par une joute de solos de guitare entre John, George et Paul et Ringo se targue même d'un solo de batterie, le seul de sa carrière au sein des Beatles; comme dans un concert, où, pour le dernier morceau, chacun trouve un moyen élégant de dire adieu.
Her Majesty
enregistré le 2 juillet 1969
Paul McCartney: chant, guitare

Phil McDonald, ingénieur du son, avait pour recommandation expresse de ne rien détruire de tout ce qui pouvait être enregistré par les Beatles; c'est grâce à cela que "Her Majesty", petite perle, est venu jusqu'à nous. En effet, Paul, qui l'avait enregistré dans le but de l'intégrer dans le medley entre "Mean Mr Mustard"et "Polythene Pam", avait décidé de la supprimer au mixage. McDonald, consciencieusement et en accord avec les consignes qu'il avait reçues, cala le morceau à la fin de la bande si bien qu'à l'écoute de l'album une fois mixé définitivement la chanson apparut après un blanc d'une dizaine de secondes; l'effet de surprise plut à McCartney qui décida de la conserver à cette place. Paul, qui était le seul à avoir du mal à admettre la fin des Beatles, dédramatisait ainsi la fin de l'album, comme pour dire que "The End" n'était qu'une blague, que ce n'était pas fini. On notera cependant que Paul est le seul à jouer sur le titre... "Her Majesty" est la reine d'Angleterre Elizabeth que les Beatles rencontrèrent le 26 octobre 1965 quand ils furent décorés de l'Ordre de Membre de l'Empire Britannique. Le morceau n'était pas mentionné sur les premières éditions d'"Abbey Road".