The Beatles
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Album The Beatles (1968)
The Beatles (1968)
sorti le 22 novembre 1968, Apple (Parlophone) PMC 7067-7068 (mono) PCS 7067-7068 (stereo)
produit par George Martin
Les titres de l'album The Beatles:
- Back In The USSR
enregistré les 22 et 23 août 1968
Paul McCartney: chant, basse, piano, guitare solo, batterie, percussions, claquements de mains
harmonies vocales / John Lennon: basse 6 cordes, claquements de mains, harmonies vocales
George Harrison: guitare, claquements de mains, harmonies vocales
Le 20 août 1968, soit à la période où les Beatles, sans Ringo, commencent à enregistrer "Back In The USSR", tandis que les Américains s'enlisent au Viêt-Nâm et que la France se réveille des folies du printemps (voir "Revolution"), l'URSS de Brejnev, par le biais des forces du Pacte de Varsovie, intervient en Tchécoslovaquie pour mater l'insurection menée par Alexandre Dubcek pour donner à la société de son pays un "socialisme à visage humain". L'émotion est grande dans l'opinion publique mondiale, surtout que la détente entre Américains et Soviétiques s'amorçait depuis peu. C'est dans ce contexte que les Beatles enregistrent ce pastiche de "Back In The USA" de Chuck Berry, avec un soupçon de Beach Boys.
Les Américains les plus réactionnaires et les plus primairement anti-soviétiques y virent l'ultime preuve que les liverpudiens étaient des communistes révolutionnaires; on savait qu'ils se droguaient, ils se prétendaient plus célèbres que Jésus, et, maintenant, ils louaient l'URSS, même si les disques des Beatles, comme toutes les musiques impérialistes, étaient interdits dans le bloc oriental. Il semble, lorsque Paul chante le vers "Georgia always on my mind" que celui-ci, outre l'évident hommage à la chanson de Hoagy Carmichael popularisée par Ray Charles, ait plusieurs sens: on peut y voir una allusion à la Georgie, république de l'URSS, mais aussi une façon de dire que l'on n'est pas dupe ("George Orwell's always on my mind" / "j'ai toujours à l'esprit George Orwell") et que le système totalitaire légué par Staline et pérennisé par ses successeurs est l'incarnation diabolique du fantasme de l'auteur de "1984".
Le morceau fut repris par The Inmates en 1987 lors du concert organisé par "Libération" à l'occasion du 20ème anniversaire de l'album "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band" (1967) qui donna lieu à l'album live des Inmates "Meet The Beatles Live In Paris".
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Dear Prudence
enregistré les 28, 29 et 30 août 1968
John Lennon: chant, guitare, harmonies vocales, tambourin
Paul McCartney: basse, batterie, piano, bugle, claquements de mains, harmonies vocales
George Harrison: guitare, claquements de mains
(tambourin, claquements de mains: Mal Evans, John McCartney, Jackie Lomax)
Prudence, c'est Prudence Farrow, la soeur de Mia, l'actrice et ex-femme de Woody Allen. Les Beatles et elle suivaient l'enseignement de Mahesh Yogi à Rishikesh, en Inde; cet enseignement consistait surtout à méditer, et Prudence se donnait à fond dans ces pratiques, allant jusqu'à des isolements prolongés pour atteindre Dieu. John, qui avait écrit cette excellente chanson à Rishikesh, l'exhorte à travers le texte à sortir de cet état et à profiter un peu plus de la vie.
Il semble, à l'écoute de "Dear Prudence", que John joue sur une guitare acoustique; or, il s'agit en fait d'une Epiphone électrique non amplifiée et capté par un micro de chant. On notera également la présence aux tambourins et aux claquements de mains de John McCartney, cousin de Paul.
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Glass Onion
enregistré les 11, 12, 13 septembre et le 10 octobre 1968
John Lennon: chant, guitare acoustique Gibson, piano
Paul McCartney: basse, recorder Hohner (flûte à clavier)
Ringo Starr: batterie, tambourin
(violons: Eric Bowie, Henry Datyner, Norman Lederman, Ronald Thomas
alto: Keith Cummings, John Underwood / violoncelles: Eldon Fox, Reginald Kilbey)
Pour répondre aux interprétations parfois délirantes de ses paroles, John eût envie de dresser, par le biais de "Glass Onion", une sorte de catalogue en forme de réponse, ou du moins d'allusion à certains titres des Beatles ("Strawberry Fields Forever", "I Am The Walrus" [le vers "the walrus was Paul" ("Paul était le morse") ne manqua pas d'alimenter la théorie de l'accident de voiture mortel supposé de Paul, le morse étant dans certaines ethnies symbole de la mort), "Lady Madonna", "The Fool On The Hill", "Fixing A Hole"). John en profite du même coup pour délivrer des messages codés à l'intention de tous ceux qui y voient un message cosmique.
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Ob-La-Di, Ob-La-Da
enregistré les 3, 4, 5, 8, 9, 11 et 15 juillet 1968
Paul McCartney: chant, basse, batterie, claquements de mains, percussions
John Lennon: piano, harmonies vocales, claquements de mains
George Harrison: guitare, harmonies vocales, claquements de mains / Ringo Starr: batterie
(bongos: Jimmy Scott)
"Ob-La-Di Ob-La-Da" est une expression yorumba (ethnie du Nigéria) que Paul tenait de Jimmy Scott, originaire de ce pays et qui signifiait quelque chose comme "ainsi va la vie". Jimmy Scott était un percussioniste que fréquentait Paul au Bag O' Nails, une boîte de Soho, et qui avait joué entre autre avec Stevie Wonder avant de fonder son groupe, Ob-La-Di Ob-La-Da Band. Il sera présent lors de l'enregistrement en jouant des bongos à la session du 5 juillet. Bien que McCartney et Scott s'entendaient très bien, ce dernier se mit à réclamer une part de droits d'auteur, chose que Paul lui refusa légitimement, et menaça d'intenter des poursuites judiciaires. Paul ayant pris en charge les frais de justice de Scott dans une affaire de non-paiement de pension alimentaire, en échange d'un retrait de ces menaces, le premier reggae blanc put être signé Lennon / McCartney.
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Wild Honey Pie
enregistré le 20 août 1968
Paul McCartney: chant, basse, batterie, guitares
Issu d'une jam session à Rishikesh, en Inde, où les Beatles avaient suivi l'enseignement de Mahesh Yogi, "Wild Honey Pie" dut sa place sur cet album mythique au simple fait qu'il plaisait à Pattie Harrison.
Paul, profitant de l'absence à Abbey Road des trois autres beatles, joue tous les instruments.
Les Pixies feront une reprise déjantée du morceau lors de leur concert à la BBC.
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The Continuing Story Of Bungalow Bill
enregistré le 8 octobre 1968
John Lennon: chant, guitare, orgue / Paul McCartney: basse, harmonies vocales
George Harrison: guitare, harmonies vocales / Ringo Starr: batterie, tambourin, harmonies vocales
(chant ["not when he looked so fierce"]: Yoko Ono, Maureen Starr / melotron: Chris Thomas)
John s'est inspiré d'un personnage de Rishikesh pour construire l'histoire de cet excellentissime morceau; en effet, tandis que les Beatles suivaient les cours du maharashi, une jeune homme américain vint rendre visite à sa mère, elle aussi là pour la méditation transcendentale. Il s'appelait Richard Cook Ill et, comme dans la chanson, était parti lors de son séjour, à la chasse au tigre. John ne l'aimait pas.
Evidemment, il est également fait allusion à Bill Cody (1846-1917), plus connu sous le nom de Buffalo Bill; à défaut de buffles, il y avait beaucoup de bungalows à Rishikesh...
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While My Guitar Gently Weeps
enregistré les 25 juillet, 16 août, 3, 5 et 6 septembre 1968
George Harrison: chant, guitares / Paul McCartney: basse, piano, orgue, harmonies vocales
John Lennon: guitare / Ringo Starr: batterie, tambourin, castagnettes
(guitare solo: Eric Clapton)
Avec "Here Comes The Sun", "Something" ("Abbey Road", 1969) et "Taxman" ("Revolver", 1966), "While My Guitar Gently Weeps" est l'un des meilleurs morceaux de George; Harrison, suivant la théorie d'un livre mystique chinois Yi-King "Book Of Changes", avait ouvert un livre au hasard et était tombé sur les mots "gently weeps". Il écrivit son texte à partir de ceci.
Il réussit à convaincre son ami Eric Clapton - qui lui avait d'ailleurs offert "Lucie", l'une des guitares avec lesquelles il joue sur ce titre - à faire le solo; Clapton fut dans un premier temps réticent à être le premier étranger au groupe à jouer de la guitare sur un album des Beatles (n'étant pas d'EMI, Clapton fut rebaptisé pour des raisons administratives Eddie Clayton, du nom du leader du premier groupe de Ringo).
A l'arrivée, "While My Guitar Gently Weeps" est une pure merveille.
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Happiness Is A Warm Gun
enregistré les 23, 24 et 25 septembre 1968
John Lennon: chant, guitare / Paul McCartney: basse, harmonies vocales
George Harrison: guitare, harmonies vocales / Ringo Starr: batterie, tambourin
Du grand Lennon. "Happiness Is A Warm Gun", à l'image du medley final d' "Abbey Road" (1969), est, semble-t-il, un assemblage de plusieurs morceau inachevés de John. En effet, on distingue aisément trois mouvements distincts, tous aussi géniaux.
En ce qui concerne le texte, John avait procédé à un brain-storming aléatoire à Newdigate (Surrey), dans une maison que Derek Taylor louait à Peter Asher, frère de Jane que Paul devait d'ailleurs quitter en août au profit de Linda Eastman. Il y avait, outre Taylor et Lennon, Neil Aspinall et Pete Shotton.
John était tombé par hasard sur le magazine réactionnaire de l'America's National Riffle Association, apologues de l'arme à feu. Le titre d'un article était: "Happiness is a warm gun in your hand" ("Tenir une arme chaude est un bonheur"). La phrase était trop ahurissante pour John n'en fasse une chanson. Et quelle chanson!
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Martha My Dear
enregistré les 4 et 5 octobre 1968
Paul McCartney: chant, basse, guitare, batterie, piano, claquements de mains
(violons: Les Maddox, Dennis McConnell, Bernard Miller, Lou Sofier / altos: Leo Birnbaum, Henry Mierscough
violoncelles: Frederik Alexander, Reginald Kilbey / trombonne: Ted Barker
trompettes: Leon Calvert, Ronnie Hughes, Stanley Reynolds / bugle: Leon Calvert
cor d'harmonie: Tony Tunstall / tuba: Alf Reece)
Bien que Paul aimât beaucoup sa chienne Martha, il semble que la chanson s'adressait plus à Jane Asher, avec qui il a rompu ses fianciailles en août. Ce très bon morceau lui aurait ainsi permit de dire à Jane qu'il l'aimait en dépit de sa liaison désormais assidue avec Linda Eastman avec qui il restera jusqu'à la mort de celle-ci en 1999.
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I'm So Tired
enregistré le 8 octobre 1968
John Lennon: chant, guitares, orgue / Paul McCartney: basse, piano électrique, harmonies vocales
George Harrison: guitare / Ringo Starr: batterie
John est fatigué. C'est lui qui le dit dans ce morceau.
A Rishikesh, en Inde, où les Beatles suivaient une initiation de méditation avec Yogi Rishikesh, il était interdit de fumer (d'où l'allusion à Walter Raleigh, qui importa le tabac au XVIIème siècle de l'Amérique à l'Europe), de boire et de se droguer. Tout ceci était suffisant pour que John soit effectivement fatigué.
Un très grand morceau.
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Blackbird
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Piggies
enregistré les 19, 20 septembre et le 10 octobre 1968
George Harrison: chant, guitare / Paul McCartney: basse
John Lennon: bandes à l'envers / Ringo Starr: tambourin
(violons: Eric Bowie, Henry Daytiner, Norman Lederman, Ronald Thomas / clavecin: Chris Thomas
altos: Keith Cummings, John Underwood / violoncelles: Eldon Fox, Reginald Kilbey)
Les cochons en question sont, aux yeux de George, la bourgeoisie opulente qui "mérite une bonne fessée". Les arrangements du morceau, de type XVIIème siècle, donne un charme spécial à cette étrange et excellente composition de George.
Charles Manson, lui, interpréta les paroles - ainsi que celles de "Helter Skelter", "Blackbird", "Rocky Raccoon", "Honey Pie", "Revolution 1" et "9" - commme un appel au meurtre et, lorsqu'il assassina le 9 août 1969 ces huit victimes (cinq chez Sharon Tate, qui joua notamment dans l'excellent "Dance Of The Vampires" ["Le Bal Des Vampires" / 1967] réalisé par son mari Roman Polanski, deux chez Leno LaBianca, un chez Gary Hinman), on trouva peint au mur les mots "piggies" ou "pigs".
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Rocky Raccoon
enregistré le 15 août 1968
Paul McCartney: chant, basse, guitare / John Lennon: harmonium, basse, harmonica, harmonies vocales
George Harrison: harmonies vocales / Ringo Starr: batterie / George Martin: piano
Une fois de plus, Paul délivre là un chef-d'oeuvre; cette fois-ci, ce sera un chef-d'oeuvre western.
"Rocky Raccoon" fut composé en Inde, à Rishikesh, tout comme "Dear Prudence", "I'm So Tired", "Wild Honey Pie", "Blackbird", "Mother Nature's Son", "The Continuing Story Of Bungalow Bill", "Sexie Sadie", "Cry Baby Cry"... L'initiation du maharashi Yogi n'aura pas eu que du mauvais!
Paul explique: "lorsque j'ai composé cette chanson, nous étions assis sur sur le toît d'un des bungalows de Rishikesh. J'ai commencé à placer les accords. Le titre initial était "Rocky Sassoon". Puis, avec John et Donovan, nous nous sommes mis à improviser le texte; cela nous venait spontanément. Je l'ai finalement appelé "Rocky Raccoon" parce que cela faisait plus cow-boy..."
Charles Manson y vit un ordre de Satan de tuer.
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Don't Pass Me By
enregistré les 5, 6 juin, 12 et 22 juillet 1968
Ringo Starr: chant, batterie, piano, clochettes de traîneau / John Lennon: guitare, tambourin
Paul McCartney: basse, piano
(violon: John Fallon)
Ringo dut batailler des années durant pour arriver à placer sa chanson; à chaque album, tel qu'il l'expliquait durant les interviews, il essayait desespérément de convaincre les trois autres d'enregistrer "Don't Pass Me By". Mais la concurence était pour le moins rude en ce qui concernait les compositions! Le fait que les Beatles sorte cet album double permit à Ringo de montrer à la face du monde qu'il pouvait, une fois dans sa vie, écrire une bonne chanson country.
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Why Don't We Do It In The Road ?
enregistré les 9 et 10 octobre 1968
Paul McCartney: chant, piano, guitares, basse, claquements de mains
Ringo Starr: batterie, claquements de mains
Paul avait assisté à Rishikesh, durant le fameux stage de méditation en Inde, à une copulation spontanée entre un singe et une guenon. Ce qui était naturel pour les animaux était pour l'humain inconcevable et, après tout, Paul se demande naïvement pourquoi. En quelque sorte, "Why Don't We Do It In The Road ?" est une chanson sur les tabous.
Ce qui est frappant dans ce morceau, c'est que l'on jurerait qu'il s'agit d'une composition de John.
D'autre part, on remarque que, depuis l'album "Help!" (1965) et le titre "Yesterday", Paul a pris l'habitude d'enregistrer des morceau tout seul (certes, ici, Ringo est à la batterie). C'est le cas sur le Double Blanc avec "Wild Honey Pie", "Martha My Dear", "Blackbird", "Mother Nature's Son" et, donc, "Why Don't We Do It In The Road".
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I Will
enregistré les 16 et 17 septembre 1968
Paul McCartney: chant, guitare, basse vocale / John Lennon: percussions / Ringo Starr: batterie
le 12 mars 1969, Linda et Paul se marient
"I Will" est la première chanson que Paul a écrit à l'intention de Linda Eastman. Une belle façon de commencer une liaison...
John bat la mesure sur un bout de bois tandis Paul chante la ligne de basse.
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Julia
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Birthday
enregistré le 18 septembre 1968
Paul McCartney: chant, piano électrique / John Lennon: chant, harmonies vocales, guitare
George Harrison: basse, tambourin / Ringo Starr: batterie
(choeurs: Mal Evans, Pattie Harrison, Yoko Ono)
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce 18 septembre 1968 - jour où fut composé et enregistré "Birthday" - n'était l'anniversaire de personne; certes, l'anniversaire de Linda Eastman tombait le 24 septembre, mais il semble que cela soit sans rapport immédiat. Paul l'appréciait pour le côté spontané de son élaboration et parce que "elle se dansait bien".
Certes très bon, "Birthday" est néanmoins loin d'être le meilleur morceau de l'album; mais il faut dire que le Double Blanc, en dépit des critiques qui fusèrent quant à son hétéroclycité, est un condensé de qualité.
Le morceau fut repris par The Inmates en 1987 lors du concert organisé par "Libération" à l'occasion du 20ème anniversaire de l'album "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band" (1967) qui donna lieu à l'album live des Inmates "Meet The Beatles Live In Paris".
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Yer Blues
enregistré les 13, 14 et 20 août 1968
John Lennon: chant, guitare / Paul McCartney: basse
George Harrison: guitare / Ringo Starr: batterie
Musicalement proche de son futur "Cold Turkey" ("Some Time In New York City" / 1972), "Yer Blues" fut, comme grand nombre de chef-d'oeuvres que compte le Double Blanc, composé à Rishikesh, durant le stage de méditation dirigé par le maharishi Mahesh Yogi. Cette expérience ne fut pas de tout repos pour John (voir "I'm So Tired"), d'autant plus qu'entre la mort de Brian Epstein survenue le 27 août 1967, la désagrégation de son mariage et ses problèmes existenciels permanents, Lennon est désorienté. C'est donc une appel au secours, un peu tel qu'il l'avait fait avec "Help!" en 1965, que lance John à Yoko.
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Mother Nature's Son
enregistré les 9 et 20 août 1968
Paul McCartney: chant, basse, guitare, batterie, timpani, tapotement sur les joues
Paul composa ce magnifique morceau à Rishikesh, en Inde, où le groupe participait à des séances de méditation dirigée par le maharishi Mahesh Yogi. C'est justement suite à une conférence que donna Yogi sur l'homme et son milieu naturel que Paul eut l'idée d'un morceau où il pouvait évoquer son sentiment d'harmonie avec les éléments. John avait également écrit une chanson dans la même optique; il s'agit de "A Child Of Nature", qui devînt "Jealous Guy" sur son album solo "Imagine" (1971).
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Everybody's Go Something To Hide Except For Me And My Monkey
enregistré les 26, 27 juin, 1er et 23 juillet 1968
John Lennon: chant, guitare, maracas, percussions, claquements de mains
Paul McCartney: basse, harmonies vocales, percussions, claquements de mains
George Harrison: harmonies vocales, percussions, claquements de mains, cloche de pompier
Ringo Starr: batterie, percussions, claquements de mains, chocalho
Dans ce titre, le plus long en mots des Beatles, John fait une allusion à Yoko Ono, que l'opinion avait du mal à accepter (John était tout de même encore marié à Cynthia; il ne divorceront que le 8 novembre 1968. De plus, Yoko était une femme divorcée). Des propos de la presse, mêlés de xénophobie et de méchanceté, avaient fortement contrarié John. C'est en partie ceci, et aussi les problèmes liés la toxicomanie croissante du couple (ils seront arrêtés en octobre 1968 par la brigade des stupéfiants), qui poussa Lennon à aller s'installer à New York où il finira dans les conditions tragiques que l'on connaît ses jours.
John, une fois de plus joue avec la polysémie des mots ("come on" peut signifier "jouir", au sens sexuel du terme et "monkey" peut être une allusion à l'héroïne, soit les deux passe-temps favoris de John Lennon à cette époque).
Le titre original de ce très bon rock était "Come On, Come On".
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Sexy Sadie
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Helter Skelter
enregistré les 18 juillet, 9 et 10 septembre 1968
Paul McCartney: chant, basse, guitare / John Lennon: basse, guitare, saxophone ténor, harmonies vocales
George Harrison: guitare, harmonies vocales / Ringo Starr: batterie
(trompette: Mal Evans)
Paul avait lu la critique du nouveau 45 tours des Who "I Can See For Miles" (octobre 1967) dans le New Musical Express. Le titre y était décrit comme étant "une épopée marathonienne de cymbales injurieuses et de guitares blasphématoires"; les Who y étaient présentés comme étant "à la tête des puissances du désordre". Cet article alimenta des fantasmes et une imagerie qui séduisirent Paul. En écoutant le morceau, il fut déçu de voir que cela ne correspondait pas à ce qu'il avait imaginé au travers des envolées lyriques du chroniqueur (un certain Chris Welch). Il écrivit donc "Helter Skelter", premier morceau de heavy metal de l'histoire du rock.
Tout comme pour "Honey Pie", "Piggies", "Blackbird", "Rocky Raccoon", "Revolution 1" et "Revolution 9", Charles Manson vit en "Helter Skelter" un ordre de Satan de tuer. Huit personnes furent sauvagement assassinées le 9 août 1969.
La version sur l'album est la prise 3 qui durait au départ plus de vingt-sept minutes et est écourtée par un fade-out. A la fin du morceau, pièce de rock poussé à son paroxysme, on peut entendre Ringo hurler: "I've got blisters on my fingers!" ("j'ai des ampoules plein les doigts!").
U2, Siouxie and The Banshees, et bien d'autres, reprirent "Helter Skelter".
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Long, Long, Long
enregistré les 7, 8 et 9 octobre 1968
George Harrison: chant, guitare / Paul McCartney: basse, orgue Hammond, harmonies vocales
Ringo Starr: batterie
(piano: Chris Thomas)
Bien que les Beatles aient perdu toute confiance en Mahesh Yogi, le maharishi de Rishikesh (voir "Sexie Sadie"), les thèmes des chansons de George continuent à graviter autour du spiritualisme oriental.
"Long, Long, Long"est la quatrième composition de George à figurer sur "The Beatles" après "While My Guitar Gently Weeps", "Piggies" et "Savoy Truffle".
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Revolution 1
enregistré les 30, 31 mai, 21 et 25 juin 1968 (10, 11 et 12 juillet 1968 [version 45 tours] )
John Lennon: chant, guitares (claquements de mains pour la version 45 tours)
Paul McCartney: basse, piano, orgue Hammond (claquements de mains pour la version 45 tours)
George Harrison: guitare, harmonies vocales (claquements de mains pour la version 45 tours)
Ringo Starr: batterie
(trompettes: Freddy Cayton, Derek Watkins [version album]
trombonnes: Don Lang, Rex Morris, J. Power, Bill Povey [version album]
piano électrique: Nick Hopkins [version 45 tours] , choeurs: Yoko Ono [version 45 tours] )
sorti en single (Hey Jude / Revolution) le 30 août 1968 sous une version différente de celle de l'album
Commencée à Rishikesh (Inde) et terminée en Grèce, ce titre est le premier où un beatle exprime un engagement politique (si on excepte "Blackbird" où la prise de position n'est que métaphorique); enfin, un engagement tout de même ambigu de la part de John: le vers "don't you know you can count me out/in" laisse le choix à l'auditoire quant au degré d'implication de Lennon dans la révolution. John était certainement le plus gauchiste du groupe. En 1970, il s'auto-proclamera même "héros de la classe laborieuse" (le génial "Working Class Hero", sur "John Lennon/Plastic Ono Band").
Cette année 1968 est bel et bien l'année où la société occidentale se trouva à l'orée de la révolution; c'est en France que l'insurrection fut la plus virulente: parti le 22 mars de la Faculté de Lettres de Nanterre, le mouvement étudiant s'étend dès le mois de mai au milieu ouvrier qui par le biais d'une grêve générale, paralyse le pays et ébranle le pouvoir du général de Gaulle; celui-ci annonce le 30 mai, le jour-même où les Beatles commencent à enregister "Revolution 1", la dissolution de l'Assemblée Nationale. Les élections qui en découlent un mois plus tard renforcent le pouvoir du général. C'est donc un échec sur le plan politique, mais quelque chose de radical a changé dans la société et dans les mentalités. A Londres, une gigantesque manifestation a lieu en mars devant l'ambassade américaine, où l'on assiste à de violents affrontements entre forces de l'ordre et insurgés. John suit tous ces événements depuis son havre douillet de Weybridge; cependant, il se sent solidaire du mouvement qui tente de faire basculer l'ordre établi.
Une version résolument rock - celle de l'album est plutôt du genre blues gras et paresseux - de ce fabuleux morceau de John paraîtra en 45 tours sous le simple titre "Revolution" le 30 août 1968 en face B de "Hey Jude". Comme pour "Piggies", "Blackbird", "Rocky Raccoon", "Helter Skelter", "Honey Pie" et "Revolution 9", Charles Manson déclara avoir été inspiré par "Revolution" pour accomplir ses horribles meurtres du 9 août 1969.
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Honey Pie
enregistré les 1er, 2 et 4 octobre 1968
Paul McCartney: chant, piano, guitare / John Lennon: guitare
George Harrison: basse / Ringo Starr: batterie
(saxophones: Ronald Chamberlain, Jim Chester, Harry Klein, Rex Morris, Dennis Walton
clarinettes: Raymond Newman, David Smith)
Lorsque Paul se mettait à composer des chansons dans le style années 30 qu'affectionnait son père Jim - et lui-même d'ailleurs -, il accouchait de pures merveilles ("Your Mother Should Know" ["Magical Mystery Tour" / 1967], "When I'm Sixty-Four" ["Sgt. Pepper Lonely Heart's Club Band" / 1967]. "Honey Pie" est de ces moments de bonheur.
Charles Manson, lui, y vit un appel au meurtre de Satan. "Piggies", "Blackbird", "Rocky Raccoon", "Revolution 1" et "Revolution 9", "Helter Skelter" lui inspirèrent également ses meurtres du 9 août 1969.
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Savoy Truffle
enregistré les 3, 5, 11 et 14 octobre 1968
George Harrison: chant, guitare / Paul McCartney: basse / Ringo Starr: batterie, tambourin
(saxophones ténors: Derek Collins, Art Ellefson, Harry Klein, Daniel Moss
saxophones baryton: Bernard George, Ronald Ross / piano électrique, orgue: Chris Thomas)
George a écrit le texte de ce morceau en raison du goût immodéré de son ami Eric Clapton pour les confiseries en tout genre; ce vice lui valait d'ailleurs une piètre dentition et des rages de dents fréquentes.
Le texte, à la manière de John sur "For The Benefit Of Mr Kite!" ("Sergeant Pepper Lonely Heart's Club Band" / 1967) est en grande partie tiré des inscriptions contenues sur une boîte de friandises Good News de Mackintosh que George avait chez lui.
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Cry Baby Cry
enregistré les 15, 16 et 18 juillet 1968
John Lennon: chant, guitare, piano, orgue / Paul McCartney: basse / George Harrison: guitare
Ringo Starr: batterie, tambourin / George Martin: harmonium
"Cry Baby Cry" est un conte à la Lewis Caroll, un peu à la façon de "Lucy In The Sky With Diamonds" sur "Sergeant Pepper" (1967). On y rencontre le roi de Marigold et la duchesse de Kilkardy (ville d'Ecosse où jouèrent les Beatles en 1963).
Le refrain "cry, baby, cry, make your mother sight" ("pleure, bébé, pleure, fais soupirer ta mère") vient d'un slogan publicitaire qui avait marqué John et qui disait: "cry, baby, cry, make your mother buy" ("pleure, bébé, pleure, fais acheter ta mère").
Cet excellent morceau, que John renia étrangement par la suite, fut composé à Rishikesh, en Inde, comme la plupart des chansons du Double Blanc.
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Revolution 9
enregistré les 30 mai, 6, 10, 11, 20 et 21 juin 1968
Composition, ou plutôt collage de sons, de John Lennon et Yoko Ono, "Revolution 9" est le titre le plus controversé des Beatles. Il a d'ailleurs fallu que John insiste beaucoup pour imposer son idée auprès des autres membres du groupe, de George Martin et d'EMI. Il s'agit d'un mixage anarchique de sons divers, tel que des bandes à l'envers (des violons et un melotron en particulier), des extraits de symphonies dont la "Septième Symphonie" de Sibelius, des bruits de verres, un extrait d'une piste de "A Day In The Life" ("Sgt. Pepper Lonely Heart's Club Band" / 1967), des phrases dites par John et George, le mot "right" chanté par John et Yoko sur "Revolution" et des applaudissements. Le morceau commence par les mots "number 9" répétés inlassablement.
Une ambiance démoniaque et malsaine se dégage du morceau; on ne sera donc pas étonné d'apprendre que Charles Manson (ci-contre), dont l'imagination avait été tragiquement fertile quant à l'interprétation de quelques titres de l'album ("Honey Pie", "Piggies", "Blackbird", "Rocky Raccoon", "Revolution 1", "Helter Skelter" et celui-ci) y ait vu un appel au meurtre. Selon lui, le 9 faisait référence au chapitre 9 du "Livre des Révélations" du "Nouveau Testament" qui annonce l'Apocalypse. Les quatre anges du "Livre des Révélations" ne pouvaient, selon Manson, être que les Beatles. Le 9 août 1969, il assassina huit personnes (cinq chez Sharon Tate, l'épouse de Roman Polanski, qui était alors enceinte, deux chez Leno LaBianca, un chez Gary Hinman).
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Good Night
enregistré les 28 juin, 2 et 22 juillet 1968
Ringo Starr: chant / George Martin: celesta
(harmonies vocales: The Mike Sammes Singers [Ingrid Thomas, Pat Withmore, Val Stockwell,
Irene King, Ross Guilmour, Mike Redway, Ken Barrie, Fred Lucas] 12 violons, 3 altos, 1 contrebasse,
3 flûtes, clarinettes, vibraphones, cuivres, harpe joués par des musiciens de studios non crédités)
Cadeau de John à Ringo, "Good Night" était à la base une berceuse destinée à Julian, le fils qu'il avait eu le 8 avril 1963 avec Cynthia. Celui-ci ne le sut qu'en 1993 lorsque Steve Turner l'interviewera pour son livre "L'Intégrale". Le contraste est saisissant, à l'écoute de l'album, entre l'agressivité de "Revolution 9" qui le précède et la douceur soporiphique - c'est le but d'une berceuse - de "Good Night".
A noter, la présence aux harmonies vocales des Mike Sammes Singers, déjà présents sur "I Am The Walrus" ("Magical Mystery Tour" / 1967).